top of page

Les pénitents blancs

 

Cette importante confrérie cadiérenne nous a laissé une trace bien visible, la chapelle Sainte-Marie-Magdeleine, située sur la partie la plus élevée du village. Les "frères" de cette confrérie étaient dénommés "pénitents blancs" car ils étaient vêtus d'un sarreau (ou chape) de toile blanche, avec cagoule blanche, sorte de capuchon pointu à son sommet et ne laissant apparaître que les yeux, en signe de pénitence.

 

C'est le 3 mars 1566 que fut instituée, sous l'invocation de sainte Marie-Magdeleine, la confrérie des pénitents blancs de la Cadière, avec l'approbation de l'évêque de Marseille, Pierre Ragueneau. Ils firent bâtir l'année suivante, grâce en partie à une créance communale de 14 écus, une chapelle sur la plus haute colline de la Cadière, à l'emplacement de l'ancien château féodal qui n'était plus que ruine. Et bien entendu cette chapelle fut appelée chapelle Sainte-Marie-Magdeleine. D'illustres Cadiérens firent partie de la confrérie, et en particulier plusieurs membres de la noble famille de Castillon, originaire de Naples et établie en Provence à la fin du XIVe siècle ; plusieurs membres de cette famille furent seigneurs du Castellet et de la Cadière. Un cimetière était attaché à cette chapelle comme c'était l'usage. La chapelle est indiquée nous le n° 479, section dite du chef-lieu, dans le cadastre napoléonien levé le 22 mai 1830, et le cimetière attenant, sous le n° 482.

 

La chapelle Sainte-Madeleine était richement décorée, comme celle des pénitents noirs. Magloire Giraud nous rapporte qu'elle contenait une belle collection de tableaux représentant pour l'essentiel les principaux traits de l'histoire de sainte Madeleine; on y remarquait en particulier "Magdeleine chez Simon le pharisien", par Claude Despeches (auteur d'autres œuvres moins importantes pour cette même chapelle). Parmi d'autres tableaux importants, citons "Notre Seigneur apparaissant à Marie-Magdeleine" sous la forme d'un jardinier, réalisé par Arnaud, directeur de l'école de dessin de Marseille, "Magdeleine arrivant au Port de Marseille". Citons enfin "Marie-Madeleine recevant la communion des mains de saint Maximin", et quatre tableaux de paysages bibliques de l'école flamande. Un chapiteau en marbre blanc d'ordre corynthien à feuilles d'acanthe, de 0 m 50 de hauteur, qui supporte la crédence, provient des fouilles de Tauroentum. La chapelle est devenue propriété privée après la dernière guerre, et elle a subi régulièrement diverses modifications, concernant en particulier le toit et les façades.

chapelle SM 1900.jpg
La chapelle Sainte-Magdeleine vers 1900
Les pénitent noirs

La confrérie des pénitents noirs de la Cadière est beaucoup plus récente que celle des pénitents blancs, puisqu'elle a été établie en congrégation le 12 août 1633, sous l'invocation de Notre-Dame de la Miséricorde. Il existait déjà depuis 1630 chez nos voisins de La Ciotat, une confrérie de pénitents noirs, également placée sous la même invocation, et dont la chapelle, édifiée peu de temps après et qui existe toujours, joliment restaurée, porte actuellement le nom de chapelle Sainte-Anne.

Pour assurer leurs fonctions au plus vite, les pénitents noirs utilisèrent la petite chapelle Saint-Éloi, qui se trouvait dans le bas du village ; devenue terrain de jeu pour les enfants et très dégradée, elle fut détruite et le site fut comblé et remplacé par le monument aux morts à son emplacement actuel. En 1664, ils firent ériger leur propre chapelle qui prit tout naturellement le nom de Notre-Dame de Miséricorde. À l'instar de la confrérie des pénitents blancs, celle des pénitents noirs avait recruté dans ses rangs des membres d'illustres familles cadiérennes. L'édification de le chapelle fut confiée à Louis Gairoard (né en 1588 à la Cadière, décédé en 1678 à Roquevaire, Bouches-du-Rhône). Nous pouvons remarquer son emplacement sur le cadastre napoléonien.

L'architecture en est très simple et la façade, orientée au levant, est précédée d'une petite terrasse entourée de murets. Le clocher-mur présente un oculus à mi-hauteur, surmontant une niche où devait se trouver une statue, probablement celle de la Vierge. Sur les côtés on remarque les fenêtres d'origine, ainsi qu'au nord une petite porte d'entrée surmontée d'une pierre gravée où se lit la date de 1585, soit plus d'un siècle avant la construction de la chapelle ; il s'agit probablement d'un réemploi très tardif. D'autres dates sont visibles ; l'une avec de bons yeux - en haut et à droite du pignon de façade, indique 1771 ; une autre, au-dessus du porche d'entrée, indique 1772. Ces dates correspondent à des travaux de restauration et à l'installation d'un retable au-dessus de l'autel. Enfin, un petit bâtiment mitoyen, probablement une sacristie, se trouve maintenant remplacé par l'entrée du Crédit Agricole. Comme pour la chapelle Sainte-Madeleine, un petit cimetière était accolé à la chapelle de la Miséricorde, côté sud. C'est dans ce petit cimetière que fut inhumé le 8 décembre 1726 le sculpteur Joseph Lieutaud, ami de Puget, et très connu pour sa réalisation du maître-autel de la basilique de Saint-Maximin ; il avait pris sa retraite à la Cadière, au lieu-dit le Moutin. Mais comme il n'était pas membre de la confrérie, son inhumation provoqua quelques remous dans le cité.

misericorde 1900.jpg
La chapelle de la Miséricorde vers 1900
bottom of page