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Prieuré de Saint-Damien

 

Le Prieuré rural de Saint-Damien, situé dans la vallée de Saint-Côme au terroir de la Cadière, appartenait anciennement à l'évêque de Marseille Honoré II, évêque de cette ville, qui n'a laissé pour toute mémoire de lui que son nom [1] en fit don à l'Abbaye de Saint-Victor le 31 octobre 966. Ce fut le premier bien temporel que l'Abbaye posséda [2] .

En 1554, les abbés de Saint-Victor ayant inféodé les terres de Saint-Damien et du Plan-de-la-Tour, à la communauté de la Cadière qui lui payait une cense féodale, cette église fut délaissée et on y bâtit tout auprès une petite chapelle, aujourd'hui abandonnée et tombant en ruines.

Cette maison ou ce monastère, dit Magloire Giraud dans son Histoire du Prieuré de Saint-Damien, d'une architecture simple, présente quant au système de maçonnerie, les plus grands rapports avec la construction romaine de grand appareil. Les pierres plus larges que hautes sont grossièrement taillées et posées en assises régulières, mode de construction usité dans les Xe et XI e siècles. L'édifice construit comme la plupart des monastères, sur le plan de la maison romaine, s'élevait sur le flanc septentrionnal et s'appuyait sur une aile de l'église. L'ensemble avait la forme d'un parallélogramme rectangle. L'intérieur vaste et bien distribué offrait toutes les aisances d'une habitation commune et l'avantage d'établir une communication avec l'église au moyen d'un cloître dont l'enceinte laissée à ciel ouvert, servait de cimetière aux religieux. Il ne subsiste guère des bâtiments conventuels que quelques pans de muraille qui avaient 2 mètres d'épaisseur. L'édifice avait 30 mètres de long et 15 mètres de large. A cette maison conventuelle était contiguë une haute tour pour servir de refuge et de défense aux moines quand ils étaient attaqués par les Sarrasins et après eux, par les pirates barbaresques dans les fréquentes descentes qu'ils firent sur cette partie du littoral. Cette tour était encore en état de parfaite conservation à la fin du XVIIIe siècle. La Communauté avait pris soin de la préserver jusqu'alors de la dévastation en punissant d'une amende de dix florins quiconque y ferait la moindre dégradation. Une garde de six hommes y fut placée pour la défendre, lorsque le connétable Lesdiguières vint assiéger la Cadière, le 2 juillet 1592.

L'église élevée sur le plan cruciforme, était précédée d'une cour ou atrium et n'avait qu'une nef terminée par une abside carrée. Elle était orientée du levant au couchant suivant la règle symbolique adoptée et conservée pour les édifices religieux jusqu'à la fin du XVIe siècle.

La chapelle actuelle occupe le chœur de l'ancienne église, elle se compose d'une seule nef voûtée en berceau et a pour seul ornement un tableau qui n'a de remarquable que sa vétusté.

La largeur de cette chapelle étant de 3,80 m à l'intérieur, le transept de l'église prieurale aurait donc eu 11,40 m, et la nef 19 m de longueur, en multipliant par 5 la largeur de l'édifice, proportion ordinaire ; les murs ont 1,15 m d'épaisseur ; ils sont construits comme ceux du monastère, en pierres grossièrement taillées, d'inégale largeur, plus longues que hautes et séparées par une couche de mortier très épaisse et parfois saillante ; mais ici on a employé le moyen appareil.

Au fond de l'abside on trouve cachée dans la muraille, une fenêtre évasée en plein cintre ; la hauteur où elle se trouve placée prouve que le sol de l'ancienne église était beaucoup plus bas que celui de la chapelle actuelle.

La voûte de l'église prieurale était en berceau avec nervures toriques. Il en existait encore des restes considérables à la fin du XVIIIe siècle ; on les démolit à cette époque, ainsi que la tour carrée, et les matériaux servirent à la construction des bastides voisines ou à faire des murs de soutènement.

La chapelle actuelle sous le vocable de Saint-Côme, fut construite au XVIIIe siècle sur les ruines de l'église du monastère. Plus tard elle fût augmentée d'un porche ; elle est aujourd'hui complètement abandonnée et tombe en ruines.

 

[1] Ruffi. Histoire de Marseille, p. 322.

[2] Achard. Géographie de la Provence, T. I, p. 382.

Saint-Côme avant.jpg

La chapelle avant restauration (Cliché DRAC)

Saint-Côme après.jpeg

La chapelle, état actuel (cliché P.V.)

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