André Favory (1889-1937), peintre et graveur
André Favory est né à Paris le 29 mars 1889. Attiré par la peinture, il montre très tôt de réelles qualités artistique en effectuant en 1904, à seulement 15 ans, le portrait de son père, et en 1907, celui de sa mère. Il fréquente le matin, avec la permission de son père, la célèbre académie Julian de la rue du Dragon, dans l'atelier de Baschet et Royer ou il rencontre ses futurs amis Yves Alix et Robert Lemercier (voir ces noms). Il suit en parallèle l'après-midi des cours de comptabilité, comme le lui a demandé son père. Après deux années de service militaire à Nevers, il est de retour à la vie civile et va enfin pouvoir se consacrer totalement à sa passion, ayant abandonné définitivement toute idée de travailler dans le commerce des tissus élastiques.
Lorsqu'André Favory a commencé à exercer son art, l'Impressionnisme avait laissé la place depuis déjà quelques années à ce que l'on nomme par facilité le Post-impressionnisme. L'Impressionnisme ne cessait pas de séduire, mais il n'influençait plus les nouveaux venus. Les Post-impressionnistes parmi lesquels Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Seurat, Matisse ou Bonnard, ne se reconnaissaient plus dans le mouvement précédent. Van Gogh sera même à l'origine de la peinture dite expressionniste, qui se développera surtout en Allemagne.
Favory commence véritablement son œuvre par le cubisme auquel un ami peintre, André Lhote (voir ce nom), l'a initié. Il s'y jette à corps perdu, faisant siens les anathèmes des théories cubistes : « Il n'y a rien d'autre avant nous ! », leurs lois : « le cube exprime tout ! » et leurs affirmations: « Nous seuls tenons la vérité ». En 1909 il fait partie du mouvement cubiste, et expose pour la première fois, au Salon des Indépendants, qui avait été créé en 1884 et qui, comme son nom l'indique, avait pour vocation de réunir les œuvres de tous les artistes revendiquant une certaine indépendance dans leur art. Il côtoie dans ce salon des artistes déjà connus, comme Metzinger, de La Fresnaye, Le Fauconnier, Glèze, Picasso, et plus tard Derain qu'il fréquentera assidument.
Favory s'est donc formé à la peinture sous le signe du cubisme, mais, emporté par la guerre, son approche picturale s'est totalement modifiée avec un rapide et surprenant retour au concret. Il a déclaré plus tard que, dès 1914, « il voulait abandonner les personnages imaginaires et qu'il était davantage sollicité par ceux qui vivaient. »
En 1922, il fait un voyage à Bruxelles - il en effectuera plusieurs autres - et c'est pour lui une révélation : il découvre Rubens et ses corps féminins capiteux, colorés, « torrents de chair et d'étoffes furieuses, de fêtes et d'arbres emportés par un vent d'or. » (E. Jaloux). Son art devient "rubénien", fortement influencé qu'il est déjà par les nus évocateurs de Rubens et de Courbet. Favory devient ainsi un des grands peintres de nus de son temps.
En 1928. André Favory, attiré comme tant d'autres par le soleil méditerranéen, va, sur les conseils insistants de l'un de ses amis peintres, Robert Lemercier (voir ce nom), déjà installé dans le village et qui va devenir un voisin immédiat, se faire construire une petite villa à la Cadière d'Azur - chemin de Saint Marc - où il se rend régulièrement à la belle saison pour s'adonner à sa passion.
Lors de l'un de ses séjours estivaux à la Cadière, Favory rencontrera des peintres célèbres comme André Lhote, habitué du village, et aussi Moïse Kisling (voir ce nom), l'un des maîtres de l’École de Paris avec Chagall, Picasso, Krémègne, Soutine, Pascin, Modigliani, Van Dongen, Archipenko, Zadkine, Foujita et tant d'autres, dont le modèle, la muse (et l'amante pour certains) était Alice Prin, dite "Kiki de Montparnasse" et dont Favory va faire des portraits en nu.
À la fin des années vingt, Favory est déjà souffrant de la maladie de Parkinson, maladie qui l'emportera quelques années plus tard. Les séjours à la Cadière lui sont bénéfiques, et semblent améliorer sa santé chancelante. Hélas la maladie progresse inexorablement, à tel point que sa femme Théodosie, sa chère Tosca, doit lui maintenir la main pour stopper autant que faire se peut ses tremblements parkinsoniens et lui permettre de continuer à peindre.
La maladie, après des années de souffrance, aura eu raison de son courage et l'emportera, à l'hôpital Boucicaut, le 5 février 1937. Il sera inhumé au cimetière de Passy. La maison de la Cadière est restée dans la famille jusqu'en 1999 et les repreneurs conservent intacte la mémoire de leur prédécesseur, avec en particulier la palette qu'il utilisait lors de ses séjours au village.
(texte Philippe Virat)
André Favory vers 1925 (coll. Favory)
Vue de la ville de Nevers, vers 1912 (papier vergé et toile) - cubisme
L’église du village (huile sur toile). Au premier plan la chapelle Sainte-Madeleine et au deuxième plan, le clocher de l’église Saint-André de la Cadière d’Azur.
Modèle allongé. On peut reconnaître ici Kiki de Montparnasse (huile sur toile)
Paysage du Midi (huile sur toile).
On reconnaît parfaitement ici le village de la Cadière d’Azur.
La maison d'André Favory en 1999, telle qu'elle était lorsque le peintre la fin édifier (collection Tesorielli)